Fidji - Une histoire de foi (MATAWALU)

      Les îles Fidji, avant l'installation des religions occidentales, sont souvent dépeintes comme cruelles, brutales et passionnées de guerre. S'il est sûrement vrai que la paix ne régnait pas et que l'on y mangeait encore de l'humain au XIXe siècle, il est quand même difficile d'imaginer un bout de terre si diabolique. Pourquoi ne pas plutôt considérer l'état d'esprit dans lequel sont arrivés ceux qui ont écrit l'histoire, ceux qui avaient traversé la planète pour sauver les pêcheurs et les ignorants ? Il va sans dire que le bonheur local s'il existait devait être un peu éloigné de l'idée que pouvaient s'en faire les aventuriers-missionnaires.

       Toujours est-il qu'ils y ont remédié en lavant proprement le cerveau de tous ces sauvages. Et comment ne pas imaginer que les réticences aient été calmées à coup de fusil et de peines d'enfermement. Il est de bon aloi d'être choqué par des cas de cannibalisme et de rester insensible dans le même temps à l'accaparement d'une terre et d'une culture par un peuple méprisant et meurtrier. La situation est d'autant plus paradoxale que l'excuse de ces conquêtes missionnaires étaient la paix et l'amour.

       Les premiers missionnaires sont des envoyés Tahitiens de la London Missionnaries Society. Ils sont suivis par la Wesleyan Mission, une société Méthodiste anglaise. Viennent ensuite, toujours de Grande-Bretagne, les représentants de l'église de la Pentecôte, puis ceux de l'église Catholique Romaine, ceux de l'église Anglicane et ceux de l'église Adventiste du 7ème jour. Par la suite, et jusqu'à nos jours, d'autres prétendants à la vérité, arrivés des États-Unis se sont installés. Ce sont par exemple les Mormons ou les Témoins de Jéhovah.

      Toute cette énergie compétitive n'aura pas été déployée en vain puisqu'aujourd'hui l'ensemble des Fidjiens se déclare chrétien. Les grands gagnants sont les Méthodistes, avec un score de 75%. L'église Catholique Romaine peut s'estimer heureuse avec ses 15% puisqu'elle domine largement le reste de ses concurrents se partageant les 10% restants.
       La conséquence de la variété des églises est qu'un même village, aussi petit soit-il, peut en posséder plusieurs. A Matawalu, par exemple, où le nombre d'habitants ne doit pas excéder les 400, il est possible de suivre l'office dans trois édifices différents.
Je vous propose de jeter un coup d'œil sur le culte d'une des branches minoritaires: l'Église Pentecôtiste. Elle se caractérise par la mise en avant de l'esprit saint dans la pratique et croit en le pouvoir de ses dons comme la faculté de parler et de comprendre des langues que l'on n'a pas apprises. Ça n'a pas dû bien marcher avec moi parce que je n'ai tout saisi des trois heures de messe en langue fidjienne... 

Dimanche matin from anaismarquet on Vimeo.

(à écouter fort)